C’est un débat qui traverse le football français depuis plusieurs années : l’influence grandissante des fonds et groupes étrangers qui possèdent plusieurs clubs à la fois. Mercredi, le député Éric Coquerel (LFI) a décidé de s’attaquer frontalement au sujet en déposant une proposition de loi visant à interdire la multipropriété dans le sport professionnel.
Des sanctions lourdes pour les contrevenants
Le texte, cosigné par près de 90 parlementaires issus de tous bords politiques, prévoit des sanctions financières dissuasives pour les propriétaires qui ne respecteraient pas cette règle : une amende équivalente à 2 % de leur chiffre d’affaires mondial, mais aussi une exclusion des compétitions sportives. « L’objectif est de protéger l’équité et l’indépendance des clubs », souligne Éric Coquerel, qui espère présenter son texte à l’Assemblée nationale « fin 2025 ou début 2026 ».
Un rôle renforcé pour la DNCG
Au-delà de l’interdiction, la proposition entend aussi donner plus de poids à la DNCG. L’instance, déjà chargée de surveiller les finances du football français, pourrait demain avoir son mot à dire sur les projets de rachat, les changements d’actionnaires ou les cessions de clubs. Elle serait même en mesure de bloquer une transaction jugée trop fragile financièrement.
Des clubs déjà concernés
La question n’est pas théorique : aujourd’hui, plus de la moitié des clubs de Ligue 1 sont concernés par des montages de multipropriété. Angers, Lens, Lorient, Lyon, Metz, Monaco, Nice, le PSG, Strasbourg et Toulouse sont tous intégrés dans de telles structures. En Ligue 2, ils sont sept dans ce cas.
Les exemples récents montrent à quel point ces situations peuvent être instables : l’été dernier, l’Olympique Lyonnais, propriété du groupe Eagle Football Holdings, a frôlé une relégation administrative à cause de difficultés financières. De son côté, le fonds américain 777 Partners, propriétaire du Red Star, a fait faillite, plongeant le club de Saint-Ouen dans l’incertitude.
Mais tout n’est pas noir : Strasbourg, racheté par le consortium BlueCo (également propriétaire de Chelsea), a décroché une qualification européenne pour la première fois depuis vingt ans, malgré l’opposition marquée de ses supporters les plus fervents.
Pas de rétroactivité
La future loi, si elle est adoptée, ne s’appliquerait pas aux situations déjà existantes. Une manière d’éviter de déstabiliser brutalement l’équilibre actuel du football professionnel français. Et si le texte vise avant tout le ballon rond, il concernerait en réalité l’ensemble des disciplines régies par le code du sport.