Pablo Martinez : « Avec le Racing, rien n’est impossible »

Deux saisons avec le Racing Club de Strasbourg et 63 rencontres sous le maillot strasbourgeois auront suffi à Pablo Martinez pour entrer dans le cœur des supporters alsaciens. Après son départ du Racing en 2019, Pablo Martinez a rejoint Nîmes durant trois saisons. En septembre 2022, le vainqueur de la Coupe de la Ligue en 2019 avec Strasbourg s’est engagé avec le club espagnol de La Corogne (troisième division). Actuel deuxième du groupe B de la D3, La Corogne lutte pour retrouver l’antichambre de l’élite du foot espagnol. Lors du succès face à la réserve du Celta Vigo le 26 mars dernier, plus de 30'000 spectateurs sont venu encourager Pablo Martinez et les siens. Habitué des opérations « maintien », l’ancien Racingman a accepté de répondre à nos questions pour Direct Racing Magazine. Comment se passe la vie en Espagne ? Je vais très bien ! Le changement de vie m’a fait beaucoup de bien. J’étais dans une situation compliquée à Nîmes avec un président qui a fait parler de lui négativement. J’avais besoin de voir et de connaître autre chose. C’était une véritable bouffée d’oxygène que de rejoindre le club de La Corogne. Comment s’est présentée cette occasion ? J’avais eu pas mal d’offres provenant du championnat turc et que j’avais refusées, même si, financièrement, cela aurait été un très gros changement. Ce n’était pas un championnat qui m’attirait et je n’avais pas envie d’y emmener ma famille. Au dernier jour du mercato, j’ai eu un appel du directeur sportif du Deportivo qui s’était rapproché de mon agent. Sans évoquer l’aspect économique, je connaissais déjà le club. J’ai regardé le stade sur Internet et j’ai immédiatement accepté, sans parler de salaire. Le club a ensuite travaillé avec mon agent et, en l’espace de deux heures, je me suis engagé là-bas. Vous êtes actuellement deuxième de votre groupe. L’objectif est de monter en deuxième division ? L’objectif, c’est la montée même si c’est différent de la France. Il y a la partie playoffs mais il y a deux groupes de troisième division et seul le premier de chaque groupe monte ; le reste se joue en playoffs, de la deuxième à la septième place. L’objectif est de chercher la première place et il nous reste neuf matches pour ça ! Tu fais partie des joueurs d’expérience, cela doit aider le club dans son objectif. En Espagne, on ne me connaissait pas vraiment. Ils se sont beaucoup basés sur mon passage à Strasbourg, notamment la deuxième saison lorsque l’on a remporté la Coupe de la Ligue. J’ai dû me faire ma place comme dans tous les clubs. Je ne suis pas arrivé avec un statut de titulaire. Pour le moment, ça me réussit ! Lors du dernier match, vous avez gagné face à la réserve du Celta Vigo devant plus de 25'000 spectateurs. Cela doit te rappeler la Meinau ? En effet, on a joué devant 25'000 personnes et on a gagné 2-0. L’ambiance, c’est de la folie. Ce n’est pas le même public mais il y a des similitudes avec les fans du Racing. Le football touche tout le monde, on peut voir des petits de cinq ans et des papys de quatre-vingt-dix ans venir au stade et crier comme des fous. C’est toute la beauté du football. Le Racing vit actuellement une saison compliquée. Tu suis ça ? Je regarde quasiment tous les matches du Racing Club de Strasbourg. Avec ma famille, nous n’avons pas coupé le lien avec Strasbourg. Je suis le premier fan du Racing et, même lorsque je ne peux pas suivre les rencontres, je regarde les résumés. C’est une situation compliquée mais cela arrive dans tous les clubs. Ils ne s’attendaient sans doute pas à faire une saison comme celle-ci après avoir terminé sixièmes lors du précédent exercice. J’ai une confiance totale dans l’équipe pour se sortir de cette situation. C’est une saison particulière avec quatre descentes, cela ajoute une pression supplémentaire. Cela va se jouer dans les têtes. Il faut partir en « opération maintien ». Le dernier succès face à Auxerre a dû faire beaucoup de bien au moral. Il y a des matches compliqués qui arrivent jusqu’à la fin de la saison mais, avec le Racing, rien n’est impossible. On l’a vu lors de la saison 2017/2018, on a réussi à se maintenir ! Tu évoques justement la saison 2017/2018. Quels souvenirs tu en gardes ? C’était une saison compliquée juste après la montée en Ligue 1 pour le Racing. L’effectif avait pas mal évolué. On a fait ce que l’on était censé faire, c’est-à-dire se maintenir. Le final restera gravé dans toutes les mémoires durant de nombreuses années. Je me souviendrai toute ma vie que, avant le match face à Lyon où l’on jouait sans doute notre survie en Ligue 1, nous devions jouer avec une défense à quatre. Toute la semaine, on avait travaillé ce schéma. À la veille du match, Thierry Laurey nous a demandé de venir un peu plus tôt que d’habitude pour la mise au vert du jour de match. Tout le monde était surpris. On avait toujours rendez-vous à la même heure, mais pas ce jour-là. Nous sommes tous arrivés trente minutes plus tôt, il nous a fait venir sur le terrain. Son discours à ce moment précis m’a marqué car il nous a dit : « vous voyez ce que l’on a travaillé toute la semaine ? Oubliez tout ce que j’ai dit ! On va jouer à trois défenseurs centraux. Les deux centraux extérieurs, vous allez coller leurs attaquants ». Il a ensuite parlé à Jérémy Grimm et lui a dit : « Fékir, je ne veux pas le voir. Il va au corner, tu vas au corner, il va sur le banc, tu vas sur le banc, tu le suis partout » ! Quand on regarde le match qu’a fait Grimm ainsi que toute l’équipe, tu te dis que le mec était complètement jobard mais que c’était un visionnaire. Tu as été surpris de voir que Marc Keller a remercié Julien Stéphan cette saison ? On est dans une situation où c’est devenu une normalité dans le football. Quand tu as des résultats de fou une saison, tu t’attends à avoir les mêmes la suivante. Quand ça marche moins ou quand l’équipe comprend un peu moins ce que demande le coach, le premier à subir les conséquences, c’est l’entraîneur. C’est partout pareil ! Même si les choix peuvent être parfois surprenants, ce sont les joueurs qui sont sur le terrain, non le coach. Tu es optimiste pour la fin de saison du Racing ? Bien sûr ! Comme précisé plus tôt, c’est une situation que le club a déjà vécue. Il y a des joueurs qui ont connu ça. Dimitri Liénard a dû prendre le relais dans le vestiaire en mettant tout le monde devant leurs responsabilités. Si tout le monde a conscience que les prochains matchs sont différents et que c’est plus au mental qu’autre chose, si l’équipe est prête à ça, ils vont surprendre pas mal de monde ! Tu as quitté le Racing en 2019. Des regrets de ne pas avoir été conservé ? J’ai surtout été déçu par la manière. J’étais dans une situation où j’attendais un pas en avant du club. J’arrivais en fin de contrat. J’étais un des joueurs les plus utilisés sur la dernière saison. Je pensais que j’allais avoir un peu plus de reconnaissance de la part du club. Je n’ai pas eu la moindre offre de prolongation. Quand j’ai commencé à avoir des offres sur la table, j’ai toujours voulu rester droit avec le Racing et tout ce que je recevais, je transmettais au club. Je n’avais ouvert la porte à personne avant d’être libre. C’est le monde du football. J’étais un peu triste de ne pas continuer car je me sentais vraiment bien à Strasbourg. Un message à faire passer aux supporters ? Tout simplement qu’ils continuent à soutenir l’équipe. Je sais que c’est une situation compliquée pour les supporters. Tout le monde a besoin d’être ensemble. Il n’y a que comme ça que le Racing Club de Strasbourg va s’en sortir ! Il faut sentir que le public ne lâche pas, ça aide à tout donner !

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Jonathan HELBLING

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