Strasbourg a peut-être dit adieu à la Ligue des champions et tout le monde semble abattu. Moi aussi je l’étais au coup de sifflet final à Angers, devant les images des Strasbourgeois dépités, têtes basses. Je l’étais parce qu’il y a eu un manque à gagner, mais pas une perte. Je refuse d’être déçu lorsque l’on vit une saison comme celle-ci. Oui, les sentiments s’entremêlent et on ne sait parfois plus sur quel pied danser. Mais rappelons-nous de quel pied on s’est levés. Personne ne s’attendait à croire à la piste aux étoiles en début de saison. L’opportunité d’y penser est déjà un sentiment que chaque supporter strasbourgeois chérira toute sa vie.
Le scénario de samedi soir ne reflète pas la qualité de la saison du Racing, capable de mettre son habit de lumière face aux meilleures équipes mais incapable de battre Angers sur trois confrontations cette saison, dont la dernière samedi qui a semblé mettre à l’oeuvre le Racing du mois de septembre 2024. Chacun ira de son petit argument. La pression qui s’est intensifiée dans le vestiaire, la fatigue accumulée de certains cadres, l’absence de dernière minute d’Emanuel Emegha. La défaite est amère parce que Strasbourg aurait pu profiter des faux-pas déjà inespérés de Nice et Lille. Des manques à gagner. Pas des pertes.
L’unanimité des réactions depuis trois jours tend vers une furieuse déception, mais regardons l’autre côté de la pièce. Certains sont devenus trop exigeants parce que cette équipe nous a permis de le devenir. À tort. Nous avons modifié nos standards au fil de nos résultats. Nous avons banalisé le grand et oublié que nous faisions au départ du petit. Devenir exigeant est une étape importante et significative dans la montée en gamme d’un club. On se torture l’esprit à se demander l’Europe que l’on mérite. Ce sont des questions qui disent seulement à quel point nous avons désormais des problèmes de riches, mais ce sont des questions que l’on n’aurait jamais osé poser il y a 10 mois.
Alors les calculs s’envoleront lorsque cette équipe enivrante nous emportera avec elle samedi prochain à la Meinau pour croire encore à tout. Non, nous ne sommes pas déçus. Nous sommes juste émerveillés de voir à quel point nos émotions nous dupent et nous malmènent. Nous avons reçu sans avoir donné. C’est un sentiment nouveau que l’on appréhende encore mal. Ces souvenirs feront date, parce que les souvenirs primeront toujours sur les chiffres. Il reste une finale, une échéance avant d’être fixé sur la suite. Mais avant de tourner la dernière page, laissez-moi vous dire que ce livre 2024/2025 a été plus beau que n’importe lequel de mes espoirs.