Santos et Diarra ont fini en larmes. L’un a passé seulement un an et demi au Racing mais avouera 48h après son dernier match être tombé amoureux du club, l’autre en est un produit local devenu capitaine identitaire. Tous deux ont pleuré face à l’immense sensation d’avoir tout gâché. On se demandera longtemps si le Racing mérite de finir septième ou si son football méritait mieux. Le Racing s’est écroulé mentalement parce qu’il a mesuré dans les 30 dernières minutes de la saison ce qu’il était en train de réaliser. Quelque chose de grand qu’il conviendra de ne pas sous-estimer. La tête a lâché les jambes, les jambes ont lâché la tête. Strasbourg paraissait imperméable à toute pression et a chuté dans un col de quatrième catégorie. Deux derniers matches que personne n’a coché parmi les difficultés de la saison et qui sont pourtant ceux qui l’auront plombée.
Une saison historique – pour reprendre le terme employé sur la banderole des Ultras – qui le sera donc aussi par son dénouement tragique. Cette équipe si enivrante dont on a loué l’ambition presque folle de l’équipe la plus jeune d’Europe, cette équipe qui ne subissait rien, ni pression, ni complexe d’inférioté ou de jeunesse, qui a cru en elle et qui s’est érigée en équipe surprise. Cette équipe si emballante a fini par être une équipe presque comme les autres, avec ses failles et ses limites physiques. Son état d’esprit conquérant qui a fait sa renommée s’est évaporé dans un chao que l’on refusait d’imaginer.
Mais cette dernière page ne dit rien de l’histoire de la saison. Monter de toutes pièces une équipe de gamins qui n’avaient pour la plupart jamais eu de saison complète au haut niveau… Liam Rosenior a bâti un collectif compétitif, et beau, surtout, moi qui suis si sensible à l’esthétisme dans le foot. Un exploit qu’il m’était impossible d’imaginer. Je n’y croyais pas en août. Je disais que la mayonnaise ne pouvait pas prendre sur le long terme sans joueur d’expérience. Cette équipe m’a prouvé l’inverse. Je me demandais qui allait élever la voix dans le vestiaire lors des moments difficiles. C’est l’ensemble du groupe qui s’est élevé. Je redoutais que l’on puisse jouer aussi bien aussi longtemps et que l’on ait un projet de jeu mature avec une moyenne d’âge de 21 ans. Le Racing m’a retourné.
Rares sont ceux qui pensaient cette équipe juvénile capable de porter aussi haut ses couleurs et de croire à une coupe d’Europe. Cette arrivée manquée au sommet ne dit pas combien Strasbourg a monté facilement le col. Le contexte était parfois pesant en tribunes et dans les médias, mais nous avons vécu une saison fantastique. Celle dont on parle fièrement, celle qu’on évoque avec nostalgie. Alors Messieurs Santos et Diarra, ne pleurez pas parce que c’est terminé, souriez parce que c’est arrivé.