L’Assemblée nationale a franchi une nouvelle étape dans le débat sur la multipropriété des clubs de football. Ce mercredi, le député Éric Coquerel (LFI) a présenté une proposition de loi transpartisane visant à encadrer strictement cette pratique. Objectif affiché : protéger l’équité sportive, préserver l’identité locale des clubs et rétablir un cadre clair face à la montée en puissance des fonds d’investissement étrangers.

Depuis plusieurs mois, la question de la multipropriété suscite une inquiétude croissante. L’échec du modèle Eagle à Lyon, la gestion contestée de BlueCo à Strasbourg, ou encore les critiques visant Nice et Toulouse illustrent les dérives possibles. Derrière les promesses d’investissements massifs, de nombreux supporters dénoncent une perte de repères, un affaiblissement des résultats et une identité locale mise à mal. La colère est palpable, renforçant la pression politique autour de ce dossier.
Tout l’écosystème du sport français dénonce une sorte de conflit d’intérêt, et à raison. Dans ce climat tendu, certains observateurs soulignent la nécessité d’un encadrement clair, car il en va de la confiance dans l’intégrité des compétitions. Il faut voir cette situation comme celle d’un arbitre ou d’un joueur qui placerait des paris sportifs ou eSport. Les régulateurs ont dû inventer un solide arsenal juridique pour empêcher aux acteurs impliqués dans les rencontres de placer des paris. Ainsi, il est possible de parier sur l’esport en toute sécurité, car des mécanismes ont été mis sur pied pour assurer le jeu équitable par les meilleurs sites de jeu en ligne, en collaboration avec les régulateurs.
Le texte porté par Coquerel introduit un principe inédit dans le code du sport : l’« aléa sportif ». Il garantirait que l’issue des compétitions ne soit pas biaisée par des intérêts croisés entre clubs appartenant au même groupe. Concrètement, un investisseur contrôlant un club français ne pourrait plus détenir un autre club étranger de la même discipline. Les sanctions prévues se veulent dissuasives : jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires mondial de l’entité fautive et une exclusion automatique des compétitions en cas de non-conformité.
La proposition élargit également les pouvoirs de la DNCG et donne pour la première fois un rôle institutionnel aux associations de supporters, qui pourraient déclencher un contrôle. Pour Éric Coquerel, cette avancée vise à replacer les clubs dans une logique patrimoniale et territoriale, à rebours d’un modèle centré sur la financiarisation à court terme. Mais il reconnaît que l’efficacité du texte dépendra aussi d’une coopération étroite avec la FFF, l’UEFA et la FIFA, afin d’éviter les contournements et d’harmoniser les règles en Europe.
Reste à savoir comment cette initiative sera inscrite à l’agenda parlementaire. Deux options s’offrent au député : passer par une niche parlementaire, au risque de manquer de majorité, ou rattacher son texte à celui déjà adopté au Sénat, porté par Michel Savin et Laurent Lafon. Dans tous les cas, le débat promet d’être vif. Si certains y voient une révolution juridique et politique, d’autres redoutent un frein supplémentaire à l’attractivité du football français.
Au-delà des intentions, la question centrale demeure : la France a-t-elle réellement les moyens de bouleverser un système mondialisé, ou ce projet restera-t-il une digue fragile face à des flux financiers toujours plus puissants ? Pour l’heure, le football tricolore attend des réponses, entre espoir d’un sursaut et crainte d’un texte sans effet concret.